Nous voici désormais au mois de septembre, et pas de Riddim Collision à l'horizon. Pourtant, suite à la onzième édition du festival en 2009 au Marché de Gros, tout semblait réuni pour proposer une nouvelle fois 3 jours de festivités, de concerts et de
découvertes sur le site du Marché de Gros de Perrache. L'été aurait-il été meurtrier ?
Le Riddim Collision, 12ème du nom était pourtant bien prévu du 28 septembre au 2 octobre prochain. Jusqu'à début juillet tout indiquait même qu'il était en bonne voie. Dès le mois de janvier, la Ville de Lyon et le Grand Lyon semblaient nous assurer de
leur soutien en réitérant leur accord pour l'occupation du Marché de Gros. Des repérages avaient d'ailleurs été effectues sur le site avec les services du Grand Lyon et une demande d'horaires tardifs avait été envoyée à la Ville de Lyon mi avril stipulant
que nous souhaitions bénéficier du site pour trois jours de concerts, jusqu'à 01h00 du matin le jeudi, et 5h00 les vendredi et samedi.
Malheureusement le 1er juillet 2010, la municipalité nous a fait savoir par une lettre qu'elle ne pouvait nous accorder ces autorisations de fermetures tardives. La raison ? "La Ville se doit de rendre un arbitrage préservant l'équilibre entre la
tranquillité des riverains et la vie culturelle". Face à ce dilemme, cette dernière a alors décidé de couper la poire en deux, nous concédant une soirée jusqu'à 5h00 du matin le samedi, mais refusant l'autorisation de 5h00 pour le vendredi, nous obligeant
Ă terminer Ă 1h00.
Dans le même temps, nous avons appris de manière officieuse qu'une partie du Marché de Gros serait également occupée fin septembre par les forains de la Vogue de la Croix-Rousse, des familles et leurs caravanes se voyant ainsi implantées à moins de 50
mètres de notre grande scène. Maladresse ou inconscience? La même situation s'était déjà produite en 2009 suite à une erreur de communication interne entre Grand Lyon et la Ville de Lyon. Les forains s'étaient alors montrés conciliants et cordiaux, nous
avions néanmoins signalé conjointement qu'une telle cohabitation n'était plus envisageable à l'avenir. Pourtant la Ville récidive un an plus tard.
Consciente semble-t-il que ces changements remettaient en cause la tenue du Riddim Collision au Marché de Gros, la Mission Musique Actuelle de Lyon nous a alors proposé "en échange" la mise à disposition d'autres salles lyonnaises permettant de maintenir
le festival sur les dates qui avaient Ă©tĂ© retenues. LĂ encore nouvelle dĂ©ception, puisque après s'ĂŞtre renseignĂ©s auprès des diffĂ©rents lieux Ă©voquĂ©s par la Mairie, il s'est avĂ©rĂ© que ces derniers Ă©taient tous indisponibles pour cause de plannings dĂ©jĂ
très chargés. Nous nous sommes ensuite vus confrontés au grand vide estival, nos interlocuteurs nous donnant rendez -vous à la rentrée pour tenter de trouver une solution. Depuis, silence radio.
Si nous avons mis du temps à communiquer autour de ces bouleversements, c'est que nous avons passé l'été à chercher une solution viable pour le festival. Maintenir trois soirées au Marché de Gros dans les conditions décidées par la Mairie n'était pas
envisageable. Aussi, terminer la soirée dub du vendredi à 1h du matin nous obligeait non seulement à sabrer une partie de notre programmation, mais présentait également le risque de perdre une partie de notre public habituel, sans parler des pertes
économiques. Il faut savoir que le Riddim Collision s'autofinance à 75% et équiper un site tel que le Marché de Gros représente un coût considérable et difficile à amortir en trois soirs tout en pratiquant des tarifs d'entrée n'excédant pas plus de 15 € .
Or perdre 4h d'ouverture au public un vendredi soir revient tout simplement à menacer la viabilité financière du festival et de nos structures..
Pour terminer sur une note positive, le Riddim Collision aura pourtant bel et bien lieu cette année mais sous une forme différente que les précédentes éditions. Tirant un trait sur les préparatifs techniques et artistiques liés à l'implantation sur le
Marché De Gros - qui avaient mobilisé depuis plusieurs mois beaucoup d'énergie - nous travaillons actuellement en étroite collaboration avec nos partenaires ainsi que les salles de la commune si bien qu'une solution de "repli" semble enfin se profiler sur
le mois de novembre. Une date au Transbordeur devrait sans doute avoir lieu ainsi que de nombreux concerts dans la ville, notamment au Marché Gare, au Clacson, ainsi que dans certains cafés de la Croix Rousse. Il est actuellement encore trop tôt pour vous
donner tous les détails, mais soyez assurés que cette année encore, le festival restera fidèle à sa ligne artistique et son esprit de découverte.
Au-delà de notre mésaventure personnelle, cette situation conduit naturellement à s' interroger sur la place que la Ville de Lyon entend laisser aux musiques actuelles. En effet, le nombre dérisoire de lieux de diffusion sur la commune, la fermeture de
nombreux cafés concerts notamment sur la Croix-Rousse, les procès contre le Sonic et d'autres associations indépendantes lyonnaises, ou plus symptomatique encore, l'installation récente d'un "limiteur de son" au Rail Théâtre traduisent clairement un
manque de soutien de la part de la municipalité envers les collectifs et Associations qui font vivre la musique tout au long de l'année. Aujourd'hui c'est au tour du quartier de Perrache de devenir zone "protégée", il convient donc de se poser la question
de savoir où sont censés se produire les artistes locaux que cette même Ville de Lyon entend soutenir au travers de subventions accordées aux structures organisatrices de concerts.
Nous attendons donc une réaction, un élan affirmé, et la mise en œuvre d'une politique culturelle locale ambitieuse de la part de notre Mairie, et que cette dernière ne se limite pas à l'organisation de grands évènements à vocations économiques et
touristiques.
[2010-09-02]
Source : RIDDIM COLLISION
justine